• La vieille Pute

     

    J’étais assis au comptoir d’un vieux bar sordide
    Quand une pute blondasse vînt me casser les grelots
    Bonsoir chéri qu’elle me dit en exhibant son bide
    La jupette retroussée sur son string placébo

    Tu m’paye un coup, ça caille j’me les gèle sur l’bitume
    On m’appelle lili je viens de Garges les gonesse
    Putain de bordel de boulot où l’on s’enrhume
    Pour réchauffer les âmes perdues, les cœurs en détresse

    Je lis sur son visage bien plâtré à outrance
    Dans ses yeux papillon cernés d’un arc-en-ciel
    Toute la misère du monde et des hommes la souffrance
    Dans sa putain de vie et qu’elle a pris sur elle

    Je lis sur ses lèvres séchées, d’un rouge violacé
    Usées par les paroles, les mots de réconfort
    Les patins, et toutes les bites qu’elle a dû sucer
    Pour donner du plaisir aux pauvres mecs déjà morts

    Je lis sur son corps déformé par toutes les mains
    Et tout le poids des hommes par leur viol consenti
    Les millions de caresses dans ces échanges malsains
    Sa poitrine exténuée, et son âme salie

    Créature du diable, fille de mauvaise vie, de joie
    Pute, gourgandine, ribaude, gueuse, catin et j’en passe
    Que ferions nous, libido en warning, sans toi
    Sans ta silhouette, par tous les temps dans l’impasse

    Je la regarde et je lui souris tristement
    Je lui dis : bien sûr, veuillez servir madame
    Je sors après l’avoir saluée poliment
    Il pleut, toutes les lumières luisent sur le macadam.



    Gérard Bollon-Maso

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 24 Octobre 2015 à 01:55

    Condition difficile que celle de la prostituée ! On peut vraiment dire qu'elle fait partie de ceux qui accueillent toute la misère du monde. Contre rétribution, certes, mais tout de même. Si ça avait été le plus joli métier du monde, ça se saurait...

    Bonsoir, au plaisir.

    FP

      • Samedi 24 Octobre 2015 à 11:16

        Bonjour,

        Merci pour votre lecture et votre commentaire et votre belle analyse de ce texte.

        Cordialement.

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